CRIMES, PUNITIONS, VENGEANCES
J'ai reçu il y a quelque temps, (peut-être même un an, ce qui ne l'empêche pas d'être toujours d'actualité), la demande de signature d'une pétition pour une meilleure justice. Elle émanait d'une jeune-femme victime d'un viol collectif.
Courageuse, la jeune-femme en question. Plutôt que se cantonner dans son rôle de victime, elle a adhéré à une association qui lance ce Référendum sur la Justice, particulièrement sur ce sujet épineux que sont les crimes sexuels.
J'ai rempli le questionnaire du mieux que j'ai pu, mais je me suis vite aperçue que sur neuf questions posées, il y avait quatre auxquelles il ne pouvait être répondu en conscience par oui ou par non, car les choses ne sont pas aussi simples.
J'ai donc ajouté à ma réponse la lettre que je reproduis ci-après :
A Mme. C.S.
Sujet : REFERENDUM POUR LA JUSTICE
J'ai bien reçu vos documents et répondu aux questions qui y sont posées, mais je dois y ajouter cette lettre, étant donné qu'il y a des questions auxquelles on ne peut pas répondre simplement par 'oui' ou par 'non'.
J'ai été profondément touchée par votre témoignage et vous félicite pour votre courage.
A mon avis, la criminalité grandissante dans nos sociétés est le fruit de notre laxisme face aux jeunes. Mais le maître- mot en ce qui les concerne n'est pas PUNITION mais RESPECT;
Or le respect ne s'improvise pas. Un enfant qui n'a jamais été respecté, qui a grandi en assistant aux scènes de ménage, verbales ou physiques, de ses parents incapables de se respecter l'un l'autre et eux-mêmes, ne sait même pas ce que ce mot veut dire.
Ce respect de soi et des autres ne sera jamais créé dans des prisons où la surpopulation se traduit en promiscuité malsaine. Ces êtres en sortent souvent pires qu'ils n'y sont entrés.
Il faudrait que le respect soit stimulé chez les jeunes et ce depuis les classes maternelles. Celles-ci devraient être multipliées et peut-être rendues obligatoires dès l'âge de trois ans.
Le travail et le sport, bien dirigés par des moniteurs dotés d'une bonne formation pédagogique, me semblent être les meilleurs remèdes à l'actuel état de choses. Quant au travail, il devrait tendre à valoriser ces êtres égarés et non point à les punir.
En ce qui concerne directement les crimes sexuels, nous devons reconnaître que nos sociétés qui transforment le sexe en passe-temps au même titre que les jeux vidéo, par exemple, y sont pour beaucoup. Le sexe sans amour, pratiqué avec moins de tendresse que l'accouplement des fauves, dans une absence totale de respect, n'incitent pas à l'équilibre dans ce domaine, à plus forte raison pour des jeunes dont la vie quotidienne est déjà déséquilibrée.
Je donne mon appui à votre démarche en vous priant de réfléchir sur ce qui précède.
Croyez, Madame ....
Je comprends la peine, la blessure et le désir de justice juste (si je peux m'exprimer ainsi) de ces femmes traitées avec autant de mépris et de cruauté dans ce qu'elles ont de plus intime.
Qu'aujourd'hui encore, au troisième millénaire de notre fière civilisation, la justice traite souvent les victimes comme des criminelles, ne fait qu'aggraver le problème et augmenter leur révolte et leur désir de plus de respect pour elles et de punitions pour leurs agresseurs.
Toutefois, comme dit dans la lettre ci-dessus, je ne crois pas (et je pense que des millions de personnes sensées seront de mon avis) qu'un séjour en prison de deux, vingt ans ou à vie puissent changer la mentalité et donc le comportement de ces êtres, si ce n'est qu'en les empirant.
La prophylaxie chez les enfants, surtout mais pas exclusivement ceux de milieux défavorisés, me semble le meilleur antidote. Leur apprendre le respect est essentiel pour en faire des citoyens de valeur, quelles que soient les conditions où ils grandissent.
Pour les adultes, si la nécessité se fait sentir de les enfermer, il serait important de les faire travailler, non point comme une punition mais comme un moyen évident de valorisation. Des êtres que toute leur vie ont été négligés, malmenés, ou qui ont l'impression de ne pas exister qui conduit à la révolte, peuvent souvent se transformer entièrement s'ils se sentent utiles, appréciés, RECONNUS.
Je ne peux pas faire appel à eux car ils sont trop déçus, trop frustrés pour m'écouter.Je m'adresse dont aux victimes.
Je voudrais qu'elles se reconstruisent à leur tour et qu'elles aient la grandeur d'âme d'oublier leur envie de punition et parfois de vengeance et contribuent ainsi à la remission de leurs agresseurs.
Après tout elles souhaitent, comme chacun de nous, créer un monde où l'on puisse se faire confiance, où l'on ose se respecter les uns les autres. C'est possible, si toutes les âmes de bonne volonté y contribuent.
Marlice
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